Déserts, Canyons et Hoodoos : En route vers Bryce Canyon.

30 mai 2016

La nuit a cette fois été assez froide mais nous avions prévu des bonnets et plusieurs couches pour parer à cette éventualité. Nous replions nos affaires, pressés de prendre la route : aujourd’hui nous allons en effet découvrir l’une des merveilles de l’Ouest : Bryce Canyon. Avant cela, nous allons parcourir la suite de la route scénique UT12, visiter le parc d’état du Kodachrome Bassin et établir notre campement au Sunset Campground.

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Je vais passer sur le début de la route scénique 12 que j’ai décrit dans l’article sur la journée d’hier. Après Boulder, le paysage de montagne laisse place à une succession assez incroyable de vallées rocheuses aux couleurs et aux textures particulières. La route scénique 12 est surnommée « A journey through time », un voyage à travers le temps. En effet, nous parcourons un livre ouvert nous narrant l’histoire et la géologie de ce territoire. Que nous voltigions sur la crête étroite de the Hogback, que nous plongions au sein des verdoyants canyons creusés par la petite rivière Calf Creek et la virevoltante Escalante, où que nous slalomions au sein des dunes de sandstones, les paysages sont ébouriffants tout au long des deux heures que dure le trajet jusqu’à Canonville.

Sur la fin de la route, le temps se couvre et l’on passe même au sein d’un violent orage. De nature un peu stressé, je crains déjà le pire pour la prochaine nuit au camping. Heureusement, les cieux s’adoucissent et nous laissent entrevoir un espoir pour ce soir. Avant d’arriver à Bryce Canyon, nous décidons de faire un détour et de profiter de l’accalmie pour visiter le :

Kodachrome Basin State Park, quel drôle de nom ! Dans les années 50, les photographes du National Geographic venaient égrainer leur appareils en ces lieux aux couleurs si variées. C’est pour rendre hommage à leur matériel que le nom des pellicules de Kodak fut attribué à l’endroit. Situé dans un petit cirque aux chaudes couleurs allant du rouge au blanc, ce parc présente une soixantaine de spires, d’immenses colonnes de pierres aux dimensions surprenantes. Après un repas frugal à guetter les nuages noirs, nous commençons par parcourir le court Natural Trail offrant des explications sur la faune et la flore du parc tout en permettant de s’acclimater avec la géographie locale.

Pas si pire ces spires !

Pas si pire ces spires !

Je sers de maitre étalon !

Je sers de maitre étalon !

Les paysages sont ici franchement arides et désertiques. Néanmoins, ce n’est pas pour cela que la vie n’y a pas ses droits et des fleurs parsèment le parcours. Nous découvrons aussi d’un peu plus près les grandes cheminées qui font la singularité du parc. Ces étranges appendices seraient en fait d’ancien geyzer. Une fois ceux-ci taris, des sédiments se seraient déposés à l’intérieur, formant une roche très dure. L’érosion aidant, les collines alentours ont disparus, laissant ces colonnes de roche se dresser au milieu du désert.

En parlant d’étalon, hum …

En parlant d’étalon, hum …

Le temps de faire cette petite boucle et le ciel s’éclaircit un petit peu. Nous obtenons l’aval d’un ranger pour effectuer l’Angel’s Palace Trail, une balade d’une heure sur un petit plateau désertique surplombant le parc et qui nous avait été déconseillé à cause des risques d’éclairs. C’est bien pourtant un coup de foudre que nous ressentirons devant les panoramas se déployant devant nous.

On surplombe le Nature trail que nous venons de parcourir.

On surplombe le Nature trail que nous venons de parcourir.

La montée se fait rapidement et sans difficulté, et les quelques cinquante mètres que nous avons gravis nous permettent d’englober l’ensemble de cet espace protégé. On se rend vraiment compte de la forme de cirque des lieux avec des falaises dont les pieds sont rouges et la cime est blanche en passant par des jaunes, des oranges, des brunes. Des spires en formation semblent se découper lentement et surgir des profondeurs de la terre. Le parc est comme protégé par une épaisse muraille ocre qui l’entoure, ici et là on imagine les cheminées comme autant de tours de garde se dressant pour scruter l’horizon.

Comme une grande muraille.

Comme une grande muraille.

La pouponnière à spires.

La pouponnière à spires.

Les quelques heures que nous avons passées au Kodachrome Basin SP on été bien plus qu’une mise en bouche. Nous n’avons pas fait par manque de temps la randonnée la plus renommée du parc, Panorama Trail qui nous aurait pris trois heures. Néanmoins les balades que nous avons faites nous ont permis d’avoir un bon aperçu de ce que parc a à offrir. On peut aussi ajouter que le camping du parc a l’air particulièrement bien entretenu et son emplacement au pied des falaises, au milieu des cheminées en font une alternative intéressante aux campings bondés de Bryce. On valide la visite de Kodachrome Basin avec enthousiasme !

Nous n’avons d’ailleurs qu’une demi heure de route à faire pour arriver au principal objectif de la journée, le célèbre :

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Vous en avez l’habitude, la première étape est pour le Visitor Center. On s’enquiert de l’état des chemins de randonnée et des éventuelles alertes. Par manque de chance, on apprend que l’un des 5 points de vue sur le canyon, Bryce Point est fermé pour rénovation. Il reste quand même beaucoup à voir mais avant de découvrir cette merveille de la nature, il nous faut nous occuper de la logistique : un emplacement nous attend au Sunset Campground. Le camping est bien ombragé, couvert par une forêt de pin, les campeurs sont relativement espacés les uns des autres. Hélène prend le temps de faire une petite sieste pendant que je bouquine en observant les chipmunks (ou tamia) qui s’agitent tout autour du campement.

Home sweet home pour une courte nuit.

Home sweet home pour une courte nuit.

Un système de navette gratuite dessert les principaux points de vue, le Visitor Center et les campings. Nous n’avons par conséquent pas besoin de prendre la voiture pour nous rendre jusqu’à Inspiration Point, le point de vue ouvert le plus au sud. Un premier coup d’œil sur le canyon nous fait déjà nous rendre compte de son immensité, du nombre impressionnant de hoodoos s’y trouvant. Néanmoins, les nuages qui polluent encore le ciel rendent le tableau un peu terne. On en serait presque déçu. Pas question de repartir quand même ! Nous sommes sur le rebord d’un immense amphithéâtre et gravissons une petite colline en direction de la plateforme d’Inspiration Point. Alors que nous arrivons en ce lieu surélevé, le soleil apparait enfin, découvrant à nos yeux les nuances de couleurs, de reliefs, les formes des lieux. On se tait, on s’accoude à la rambarde et subjugués, on laisse notre regard divaguer.

Sans voix face au spectacle.

Sans voix face au spectacle.

T’hoodoos !

T’hoodoos !

Nous empruntons le Rim trail, le chemin qui fait le tour de l’amphithéâtre. Le lieu porte bien son nom puisque nous sommes littéralement au spectacle devant les variations du paysage. Que l’on ait une vision d’ensemble, qu’on se focalise sur un détail, on est vraiment émerveillé par ce que l’on voit. A mesure que l’on se déplace, les perspectives changent et l’on se prend à redécouvrir ce que l’on vient d’observer.

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Du moment où l’on s’est engagé sur le trail, la foule s’est raréfiée. Pourtant, la marche est loin d’être compliquée. On ne va pas se plaindre d’ajouter la quiétude à la beauté des lieux. On traîne, on prend notre temps et des photos, on s’assoit tranquillement pour profiter, tout simplement. Nous parcourons les 1.2 kilomètre entre Inspiration Point et Sunset Point en un peu plus d’une demi-heure.

Ya pire comme arrière plan pour un portrait.

Le côté obscure gagne petit à petit du terrain.

Nous arrivons à Sunset Point, c’est-à-dire au point idéal pour le coucher du soleil. Il est certain que d’ici,  la lumière rasante du jour tombant enflamme les hoodoos et les falaises bordant l’amphithéâtre. Néanmoins, l’ombre gagne rapidement le cirque minéral et je pense que le paroxysme du spectacle se situe plutôt deux heures avant le crépuscule. Ça tombe bien, c’est à ce moment là que nous arrivons au point de vue. Une bonne préparation du road trip est bien utile pour provoquer ce genre de coïncidence !

Le coté obscure gagne petit à petit du terrain.

Y’a pire comme arrière-plan pour un portrait.

Mieux vaut avoir de bonnes racines !

Mieux vaut avoir de bonnes racines !

Le retour à la tente se fait à pied, nous reprenons alors la voiture afin de nous rendre au Sunrise Point, où se trouve un General Store avec des douches ! On a beau aimer la vie dehors et notre douche solaire, cela fait quand même du bien de faire une vraie grosse toilette. On ne perd pas trop de temps car les sanitaires ferment à 8 heures. Pensez à aller échanger 2 dollars contre un jeton pour les douches à la caisse du magasin.

Une fois propres, nous remontons dans notre carrosse pour rejoindre la route principale du parc. Devant nous, dans un pré, une antilope Pronghorn est en train de paitre. On se gare un peu plus loin et on longe prudemment le bord de route pour l’observer et la photographier. Ses flans semblent bien abimés, comme si elle s’était frotté contre un arbre ou le sol. Alors que nous allons repartir, l’animal fouille du museau un buisson. Quel n’est pas notre surprise d’en voir en sortir un nouveau né qui se trouvait caché à quelques mètres de nous depuis le début. Le petit se met à téter, la mère s’occupe de lui, le lave, le pousse à regagner le couvert de la forêt. Ce spectacle attendrissant finit trop rapidement à mon gout.

Pas de feu de camp, de barbecue, ni de veillée sous les étoiles ce soir au campement. Demain, nous avons prévu de nous réveiller avant l’aube pour aller admirer le levée de soleil sur le canyon. Nous nous contentons de riz au thon pour le repas. Le parc ne nous a néanmoins pas livré toutes ses surprises et nous avons de la visite pour l’apéro. En effet, un petit troupeau de biche passe tranquillement à quelques mètres de nous, les bêtes n’étant vraiment pas troublées par notre installation. Quelles sans-gênes, quel manque de respect, on a quand même réservé NOTRE emplacement depuis janvier !!!

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