Sioux le regard des Présidents : la grâce présidentielle.

Dimanche 02 juillet 2017

Pas question de traîner au lit – enfin au matelas plus précisément. Badlands NP, bien que relativement au nord des USA présente un climat assez aride, et surtout sans énormément d’ombre. Nous remballons le camp pour profiter des heures les plus fraîches. La destination inconnue ne nous est pas totalement inconnue puisque le départ des balades The Window et The Door est partagé avec celui de la marche que nous avons fait hier.

Randonnée, façon de parler, The Windows présente une distance d’au moins cinquante mètre jusqu’à une meurtrière dans le rempart surplombant les reliefs des Badlands. Qui dit accès aisé dit foule et ce point de vue ne déroge pas à la règle. Nous le délaissons rapidement pour gagner un peu de quiétude.

Rapide coup d’œil par la fenêtre.

The Door trail est beaucoup plus intéressant. Un ponton de bois nous permet de nous rendre dans un océan de dunettes formées de sable compacté. Ici, pas de chemin officiel mais des directions indiquées par de petits poteaux jaunes. Nous sommes littéralement au milieu des Badlands à cheminer comme des chipmunks sur le terrain accidenté. Après un peu plus d’un kilomètre, un signe marque la fin du trail. Il ne nous empêche pas de déambuler sur les reliefs, pensifs devant cette vallée tourmentée. Vraiment, c’est une belle découverte, balade très agréable et on s’est amusé à jouer les explorateurs en essayant de repérer le marqueur suivant.

Selfie (avec un putain de long bras)

Toujours pas rassasiés, nous entamons le Castel trail. Ce sentier, l’un des plus longs du parc, permet de découvrir les mauvaises terres depuis la plaine au nord du parc. On prend un peu de recul sur cette muraille naturelle si finement ciselée. Nous ne croisons absolument personne.

A fleur de plaines.

On reste ici en bordure des formations rocheuses sur un chemin relativement plat. Alors que nous traversons des bassins blancs, quelques petites fleurs apportent des touches de couleur au paysage. Le soleil de midi tape vraiment fort dans ces paysages desséchés. Nous rebroussons chemin après trois quart d’heures.

La solitude

Il reste de toute manière beaucoup à explorer dans le parc. Du peu que l’on a vu, le Castle trail offre une perspective unique et intéressante sur le parc, la solitude qu’il procure est presque un peu flippant dans ce milieu désolé.

The Castle trail

Les deux châteaux forts.

Nous grignotons tranquillement dans la voiture en débutant la route scénique. Le premier arrêt est pour le Fossil Exhibit trail est  une marche de 500 mètres présentant quelques reproductions de fossiles d’animaux préhistoriques. Dispensable à mon avis.

Autour du Fossil Trail

S’en suit ensuite une succession de point de vue plus exceptionnels les uns que les autres. On surplombe un champ de hautes dunes dont la taille diminue jusqu’à la platitude de la plaine. Notre situation en hauteur offre une vue d’ensemble assez époustouflante. Le regard se perd dans ce labyrinthe sans logique de crêtes et de canyons. Toute la complexité du parc s’étale sous nos pieds.

White River Valley Overlook

Jeu : Trouvez-moi sur la photo.

Panorama Point

Burns Basin Overlook

Magnifique mais notre regard se porte également à l’opposé. Nous observons avec attention la plaine et ses habitants tellement mignons : les chiens de prairie. Ces rongeurs, ressemblant beaucoup aux marmottes quoi que de plus petites tailles, émergent à tour de rôle des ouvertures de leurs terriers. On imagine le réseau infini de galeries qu’ils ont dû établir sous terre : une vraie ville souterraine. Dès que l’on s’approche un peu trop près, les petites boules de poils émettent un cri perçant avant de plonger dans leurs abris souterrains. C’est moins spectaculaire qu’un ours mais tout de même intéressant à regarder.

Z’avez pas vu Mirza? Oh la la la la la
Où est donc passé ce chien (de prairie).

Oh, yeah! Ça y est je le vois!

Le point de vue suivant apporte un peu plus de couleurs et un changement de décor certain. Parsemés dans la plaine, des dômes de terres émergent à intervalles non réguliers au fond d’un profond bassin. Si leurs sommets sont gris et presque aussi dégarnis que moi, leurs bases sont parées d’une surprenante couleur jaune. C’est d’ailleurs ce qui donne son nom au lieu : yellow mounds overlook. Le paysage est vraiment différent avec cette route qui serpente entre les collines colorées et l’herbe si verte. Probablement mon endroit préféré du parc.

On ajoute un peu de couleur.

Les Mont d’or (dixit le type en manque de frometon)

Quelques fleurs pour Hélène

Dernière vision dans Badlands NP, en gravissant la Dillon Pass, nous repérons quelques mouflonnes qui se déplacent sur les reliefs. Le fait qu’elles possèdent des émetteurs en guise de collier réduit un peu l’effet sauvage. On comprend néanmoins l’intérêt scientifique et de préservation d’un tel objet. C’est donc ornés de leur clarisse électronique que ces animaux escaladent les pentes.

Hey dahu, retournes toi !

Avant de quitter le parc pour de bon, nous embrassons une dernière fois le panorama des mauvaises terres à Pinnacle Overlook. Une discrète végétation fait ici son apparition, petit changement par rapport au début de la journée.

Au moment de laisser Badlands NP dans le rétroviseur, il convient de donner mon avis sur ce joli parc. J’ai largement insisté sur l’inattendu relief qui émerge des plaines, sur les belles couleurs pastelles qui se révèlent pleinement au coucher du soleil. Badlands est un parc très photogénique, voire carrément pictural. Les randonnées entretenues sont assez courte et sans difficulté que ce soit pour évoluer au milieu des formations géologiques, ou dans les plaines. Le principal ennemi des marcheurs est ici la chaleur alors prenez vos précautions. Également un camping très sympa avec un beau panorama. Un vrai coup de cœur au final.

Nous quittons le parc en direction du village de Wall et de son drugstore. Au milieu des torrides plaines du Dakota du Sud, un complexe industriel se targue d’offrir de bons verres d’eau glacée depuis 1931. Le plan marketing est imbattable : des panneaux indiquent la distance avec le drugstore à des centaines de miles à la ronde. Sur place, un assemblage disparate et kitch de boutiques sans intérêt. Surfant sur le thème du far West et des cowboys, une décoration un peu datée tente de divertir les quelques deux millions de visiteurs annuels. Autant vous l’avouer directement, ce souk à la sauce yankee (ou méchante) ne m’inspire pas trop. Et les autres non plus, pour preuve, personne ne prendra aucune photo. On se pose pour le repas dans une espèce de restaurant fast food. Résultat : la pire nourriture que j’ai mangé aux USA (et on en a mangé de la merde en 3 ans). A fuir comme la peste, à part pour refaire le plein d’eau glacée, histoire de respecter le storytelling du lieu.

Vous l’avez compris, nous ne nous éternisons pas dans la bonne vieille ville de Wall. Direction l’ouest, une traversée rapide de Rapid City, avant d’entrer dans les Black Hills. A partir de là, les attractions touristiques s’enchainent au bord de la route. C’est assez surprenant après les étendues désertiques de voir cet étalage d’amusement. On est dans cette caricature rutilante de l’ouest montagneux que les américains chérissent tant et dont nous avons la chance de connaitre la version authentique au Colorado. Cela reste une impression fugace, après tout, nous n’avons fait que traverser les rues avant d’arriver au :

J’imagine qu’il n’y a pas trop besoin de présentation de ce lieu tant les 4 sculptures immenses des pères fondateurs de la démocratie américaine sont entrés dans l’imaginaire collectif. Une allée bordée des drapeaux des cinquante états de l’union mène jusqu’à une esplanade d’où Washington, Jefferson, Lincoln et Roosevelt, figés pour l’éternité, nous contemplent. Pas de kitch ici. La majesté de la montagne, le marbre des bâtiments et du parvis donne un côté révérencieux. Les américains si prompt à lancer de fortes invectives parlent ici doucement. On ressent vraiment la fierté et la révérence que leur inspire le sanctuaire de leur démocratie.

Drapés dans leurs drapeaux, les états unis nous contemplent.

Ils auraient quand même pu nettoyer les gravats.

Un chemin forestier et pavé d’un petit kilomètre s’enfonce en direction des falaises. Tout au long du sentier, les panneaux nous éduquent sur la genèse du monument et les 4 personnalités que notre présence laisse de marbre (ou plus précisément de granit). Des emplacements habilement disposés permettent d’établir un gros plan sur chacun des présidents. Attention, voici quelques données sur chacun d’entre eux (l’auteur décline toute responsabilité historique sur les prochaines lignes).

  • George Washington (1732 – 1799). Évidemment, ça aide pour être élu premier président d’un pays que de porter le nom de sa capitale. Héros de la guerre d’indépendance, rédacteur de la constitution, en résumé le père de la nation américaine.

Une petite grotte permet d’observer George.

  • Thomas Jefferson (1743 – 1826). Troisième président, il est renommé pour sa contribution importante à la déclaration d’indépendance et à la constitution. C’est également lui qui rachète la Louisiane à la France mettant ainsi fin à tout espoir de colonie française en Amérique du Nord et agrandissant sérieusement le territoire de la jeune nation.

Jefferson, deuxième en partant de la gauche.

  • Abraham Lincoln (1809 – 1865). Outre ses activités de chasseur de vampire largement relaté sur grand écran, le sixième président des USA a été au pouvoir au cours de la période la plus périlleuse du pays : la guerre de sécession. Cette guerre civile entre les états du sud esclavagistes et leur voisin du nord abolitionniste laissera des marques indélébiles dans la société américaine. Dès son assassinat à la toute fin de la guerre, il est perçu comme l’un des présidents les plus illustres du pays.

  • Theodore Roosevelt (1858-1919). Petit bond dans le temps pour rencontrer le 24e président. Il est connu pour ses idées sociales, sa politique internationale interventionniste qui posera les jalons des USA en tant que grande puissance mondiale et enfin sa belle moustache. J’occulte son amour immodéré de la chasse pour ne garder que son amour de la nature : c’est lui le créateur du système des parcs nationaux. Mon préféré rien que pour ça.

A gauche, le moustachu Roosevelt.

Alors que nous approchons de l’atelier du sculpteur, un orage nous surprend. Nous nous engouffrons dans le bâtiment pour profiter de l’abri et en apprendre plus sur la genèse du Mt Rushmore. Construit en 1927 et 1941 à la dynamite et au marteau piqueur en suivant – plus ou moins – les plans du sculpteur Gutzon Borglum, le monument prévoyait à l’origine de représenter un buste total des 4 présidents. Une maquette représente d’ailleurs le projet initial. De retour dehors alors que la pluie nous offre du répit, quelques marches nous ramène jusqu’à l’esplanade principale. Nous entrons dans une des nombreuses boutiques entourant la place. Une boisson chaude ne fait pas de mal alors que la température a bien diminuée.

Au final, on a été agréablement surpris de cette visite aux 4 pères symboliques de la démocratie. Franchement, la sculpture comme le decorum autour sont assez impressionnants. Malgré une foule assez imposante, on ressent quand même une certaine déférence de la part des visiteurs américains, ce n’est pas partout le cas. Une visite assez intéressante, qui permet de comprendre pas mal de chose sur la jeune histoire de ce pays.

Bye bye Mister President.

Nous rejoignons notre emplacement du Blue Bell Campground en empruntant une partie de la Iron Mountain Road et de la Needles Highway. Ces deux routes, très sinueuses, permettent de cheminer dans le Custer State Park. De nombreux ouvrages d’art : tunnels et virage en tire-bouchon offrent des vues sur le Mt Rushmore. En cette fin de journée, nous croisons également de nombreuses biches tout au long de la route. Il faut vraiment rester sur ses gardes en tant que conducteur. Nous arrivons heureusement sans encombre avec assez de temps pour monter le camp et profiter d’une nouvelle nuit sous la toile de tente, au milieu de la nature.

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