Honu, Pele et Poke bowl : Hawaii Volcanoes NP

Vendredi 15 Septembre 2017

Après notre escapade nocturne et très chaude vers les flots de lave, nous allons continuer aujourd’hui à explorer le Kilauea. Ce volcan, en éruption active entre 1983 et 2018, représente pour les Hawaiiens la demeure de la déesse Pelé. C’est sur les flancs de cette montagne culminant à environ 1250 mètres d’altitude qu’a été sanctuarisé la zone du Hawaii Volcanoes National Park dès 1916.

Comme la veille, les lieux ont subis de lourds dommages lors de l’explosion de 2018. Mais à l’époque, les attractions disponibles comportaient : une jungle tropicale, un lac de lave, un tube de lave, des cratères en veux-tu en voilà, une arche volcanique, une vertigineuse descente vers l’océan et surtout, surtout … un nouveau panneau d’entrée !

Nous nous garons sur le parking du visitor center pour commencer notre journée de visite. J’ai concocté un petit circuit pédestre qui enchaine plusieurs sentiers sur une douzaine de kilomètres et qui relie les différents points d’intérêt entourant la caldera du Kilauea.  Nous découvrons la nature luxuriante qui commence à nous subjuguer dès le départ. Les fleurs sont éclatantes comme dans un petit jardin, nous découvrons même une plante à la forme étrange, un mystère que nous tenterons de résoudre tout au long de la journée.

Le circuit du jour.

 

Fleur des îles.

 

Notre point d’interrogation botanique.

Les manifestations physiques de l’activité volcanique ne se limitent pas à la lave. Le Ha‘akulamanu ou Sulfur Banks trail va comme son nom l’indique, se dérouler dans une atmosphère que nous qualifierons de sulfurisée (ça sent le pet fragrance œuf pourri quoi …). Des entrailles du Kilauea s’échappent les effluves de sa digestion et a priori le microbiote intestinal de Madame Pelé est un peu dérangé. Des dépôts minéraux teintées de jaune laissent s’exfiltrer des volutes de fumée chaude. Afin d’éviter aux visiteurs de s’approcher trop près des exhalaisons de dioxyde de carbone, de dioxyde de soufre ou de sulfite d’hydrogène (ouais ça fait flipper), le sentier est délimité par des pontons de bois. Pour un peu, on se croirait revenu à Yellowstone, un peu moins spectaculaire tout de même. Tout autour de ces fissures, les paysages sont nus, les vapeurs toxiques ne laissant pas vraiment la nature s’installer. Néanmoins, entre ces points chauds, un paysage de prairies constellées de petites fleurs a pris ces droits. Jolie contraste entre le minéral et le végétal mais un point commun, des couleurs éclatantes.

Ha’akulamanu trail

Vos narines vont soufre – irent …

Fleur d’Ohia Lehua

Orchidée bambou

Nous déboulons ensuite sur le Ilahi trail, un sentier qui longe la caldera du Kilauea. Un gigantesque cratère d’où s’échappe un énorme panache de fumée s’ouvre, à pic, devant nous. Aride, noir, dévasté, le sol est un océan de lave solidifié qui semble s’étendre à perte de vue. Ce panorama va nous accompagner une bonne partie de la journée, alors nous ne restons pas si longtemps à le contempler. Le chemin change des noms et c’est le Halema’uma’u trail qui nous fait nous enfoncer dans la jungle. On s’extasie une fois encore devant la variété et la profusion de la flore.

Une caldera qui ne manque pas de panache.

Ca gère la fougère !

L’ambiance change dramatiquement.

Élémentaire mon cher Watson, l’enquête continue.

Nous allons perdre un peu d’altitude puisque le sentier nous emmène sur le plancher du volcan. La descente n’est que d’une cinquantaine de mètres, et nous ne restons (risques obligent) qu’à l’orée du cratère. C’est tout de même impressionnant de se retrouver sur l’étendue de lave solidifiée. Un sentier permettait de la traverser entièrement mais les émanations du lac de lave dans le Halema’uma’u font que l’accès est restreint. Quelques arbustes en fleur ont réussi à infiltrer les fissures et permettent à Hélène de faire des photos avec un objet au premier plan. Pratique.

Mais soudain, le fil rouge de ce début d’article se déroule et nous découvrons stupéfait, avec stupéfaction et stupeur que cette espèce de tige entortillée est …

Une feuille de fougère !

50 nuances de vert.

Au raz de la caldera.

Nous remontons tranquillement dans la jungle. Encore une fois c’est une éruption de nature. Nous remarquons notamment des fleurs blanches parfumées aux énormes pistils (mais rassurez-vous, ce n’est pas la taille qui compte) qui se déploient en une sorte de tube, les longoses. Entre deux vues sur la caldera par des trouées, nous complétons également notre collection de fougère en développement.

Longose.

Caldera.

Fougères jumelles.

La suite de notre marche est une randonnée qui peut se faire indépendamment de notre grand tour, c’est la découverte du Kilauea Iki Crater ou Cratère du Petit Kilauea. Situé à quelques centaines de mètre du cratère principale, il s’est formé au 15e siècle puis la jungle l’a recouvert petit à petit jusqu’au drame … En décembre 59, des fontaines de lave de plus de 30 mètres de haut se forment et le magma en fusion vient former rien de moins qu’un lac ! C’est sur cette surface refroidie que nous allons nous aventurer.

Iki Crater.

N’oubliez pas vos casquettes.

Les paysages sont encore une fois assez irréels. La lave noircie s’est retrouvée fracturée, soulevée, craquelée en de nombreux endroits. Là où les fontaines de lave s’élevaient dans le ciel, un énorme dôme s’est formé qui surplombe le sentier. Signalé par les cairns et par les pas des randonneurs, celui-ci traverse en ligne droite le cratère. Au soleil de midi, la lumière se réfléchit sur la roche sombre et l’endroit se transforme rapidement en fournaise. La remontée se fait dans la jungle, à la fraiche, pour terminer sur une apothéose un peu moins glamour … la route, la foule, les travaux.

 

Nous sommes arrivés en effet à l’une des attractions les plus visités du parc, le Thurston Lava Tube. Ce tube de plus d’une cent cinquantaine de mètres, est visitable à partir d’un effondrement de son plafond. Pas vraiment de spéléologie au programme, le tunnel fait plusieurs mètres de hauteurs et est éclairé par un réseau de lampe. L’électricité étant d’ailleurs en réfection, nous ne parcourons que quelques mètres dans le tube, pas passionnant. Il existe des tunnels de lave beaucoup plus sauvages et attirants dans la région de Hilo, fâcheusement par manque de temps, nous avons fait l’impasse.

L’entrée du tunnel est presque plus jolie que l’intérieur

.

Pour le retour, nous contournons le Iki Crater par sa rive nord. Des troués percent régulièrement la lourde végétation et offrent des vues dégagées sur la sombre étendue de lave figée. En second plan, on aperçoit le cratère fumant du Kilauea. Cette vision d’ensemble permet de se rendre compte de l’immensité du sommet du volcan. A perte de vue, ce ne sont que des paysages noirs et nus, craquelés et tortueux. Encore une fois, on relativise sa présence face à la force des éléments qui se sont déchainés ici.

Un peu plus loin, c’est directement au-dessus de cratère principale que nous croisons une promenade menée par un ranger. Nous tendons l’oreille pour capter quelques explications géologiques. Les conseils de revenir observer le lac de lave dans la pénombre ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. Nous terminons notre marche par la boutique souvenir pour l’indispensable magnet. Puis nous allons déguster un sandwich bien mérité, accompagnée d’une salade de fruits frais achetés le matin même sur un marché ; et tout ceci dans le petit jardin botanique derrière le visitor center.

A ce soir !

 

Top Chef.

L’après-midi sera un peu moins sportive. Nous allons parcourir en voiture la Chain of Craters Road (route de la chaîne de cratères), cette route d’une trentaine de kilomètres va nous faire traverser les différentes coulées de lave qui ont émaillées l’histoire du parc et nous mènera jusqu’à l’océan. Comme son nom l’indique, un enchainement de cratères plus ou moins récents borde également la route.

Toujours enthousiastes à l’idée de mater des nénés.

 

Depuis Kealakomo Overlook.

 

Nous entamons notre plongeon vers la mer.

 

Malgré la vue impressionnante tout au long de la descente, c’est une fois arrivés au bord de l’océan que les paysages les plus remarquables se dévoilent. De hautes falaises de lave surplombent une onde qui vient les frapper sauvagement. Des rangées de cocotiers surplombent le précipice. D’ailleurs toute une flore s’est développée le long de la route aux abords de la petite maison dans laquelle des rangers nous accueillent. Nous sommes de l’autre côté du flot de lave par rapport à nos aventures de la veille mais la marche pour y accéder serait bien trop longue pour tenter d’accéder au magma en fusion, on préfère rester sur notre belle expérience.

On dirait une carapace de tortue !

 

Au bout de la Chain of Craters Road.

 

L’arche marine d’Hōlei.

 

Quelques petites fleurs.

En plus de découvrir le littoral, il suffit de se retourner pour avoir un angle tout nouveau sur le parc. Le volcan qui se dresse devant nous est parsemée des différentes coulées qui en ont dévalés les flancs. Leurs couleurs marquent les différentes époques auxquelles elles ont été formées. Ci et là, des poches de forêt ont survécus comme par miracle à la folie destructrice et créatrice du magma. Ce voyage dans le temps se poursuit d’ailleurs lors de la remontée puisque nous faisons des arrêts aux niveaux de différents anciens cratères dont le niveau de végétation aide à dater les éruptions.

Coulures de chocolat sur lit de pistache.

 

Cratère récent.

 

Cratère ancien.

Le spectacle qui marquera la fin de la journée est d’un tout autre acabit. Nous nous dirigeons vers le Jaggar Museum, lieu de savoir à propos des volcans que ce soit d’un point de vue historique, géologique ou culturel. Très intéressant avec notamment de très belles peintures représentant la déesse Pelé. C’est sur la terrasse que nous découvrons l’œuvre la plus étonnante. Le jour tombant dévoile un rougeoyant lac de lave au milieu du cratère. La source des volutes de fumées que nous avons vues toute la journée est devant nous. Tandis que le ciel s’embrase, nous pouvons distinguer les fontaines de lave qui projettent le magma sur les murs du cratère. Le spectacle est fascinant et les rangers prêtent avec enthousiasmes des longues vues pour profiter au plus près du show.

Y’a pas le feu au lac ! (ah ben si)

Tout comme la veille, c’est une expérience hors du commun. Et tout comme la veille, ces lieux ne sont plus visibles. Les fontaines se sont taries, le plancher du cratère s’est effondré dans une explosion qui a endommagé de manière permanente le musée, entrainant sa fermeture. Le lac de lave s’est dissipé et a laissé place à un nouveau lac d’eau cette fois qui est en formation au sommet du Kilauea, à la plus grande surprise des scientifiques.

Petit bilan sur le Hawaii Volcanoes National Park. Bien sûr, les moments forts ont été pour les deux jours les rencontres avec la lave. Néanmoins, les paysages sont si tourmentés, si bruts notamment le long de la Chain of Craters Road qu’ils justifient à eux seuls la visite. Nous avons également beaucoup aimé la randonnée dans Iki Crater, il ne faut absolument pas la louper. La jungle et sa flore surprenante sont également de bonnes raisons de chausser ses chaussures de marche. Le petit bémol, c’est le tube de lave qui manque un peu d’authenticité. Dernier conseil, les randonnées et les secteurs ouvrent et ferment au gré des caprices du volcan alors ne prévoyez pas trop de programmes fixes et laissez les rangers vous conseiller au visitor center.

A la sortie du parc, dans la nuit noire, nous nous faisons cueillir par une averse. Nous sommes affamés alors on décide de s’arrêter dans un restaurant sur la route. Le ʻŌhelo Café et sa terrasse couverte nous accueillera et nous nous sustenterons avec un très bon poisson frais pour moi et des pâtes aux fruits de mer pour Hélène. On recommande l’adresse.

Comme un coque en pâtes.

 

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