Honu, Pele et Poke bowl : Life on Mars?

Mercredi 13 Septembre 2017

Changement d’île aujourd’hui, nous quittons Maui pour nous rendre sur la plus étendue des îles de l’archipel, Big Island (aussi nommée Hawaii).

Direction donc l’aéroport afin de prendre un vol de liaison inter-île au sein d’un petit avion à hélice. La restitution de la jeep se fait sans encontre et rapidement, nous voici sur le tarmac pour embarquer. Pour information, le vol nous a coûté $95 par personne plus un petit quelque chose pour le bagage en soute (prix minoré si l’on souscrit au programme de fidélité de la compagnie). L’avion est assez bruyant et un peu remuant, néanmoins, le vol ne dure qu’une quarantaine de minute et à peine en haut, on se rue sur le hublot pour observer … l’océan (et oui, pas de bol, on est du mauvais côté de l’avion). On se console avec le jus de fruit frais offert par les hôtesses. L’atterrissage se fait sans encombre à l’aéroport de Kona.

Notre jet en jette !

Pour ces 6 jours sur Big Island, notre monture sera de nouveau une Jeep Wrangler, les 4 roues motrices nous seront utiles pas plus tard que cet après-midi. ($275 avec assurance pour 6 jours) A la sortie de l’aéroport, nous profitons du premier supermarché que nous trouvons pour quelques courses avant de passer à la chose sérieuse. Et quoi de plus crucial que de prendre un petit déjeuner bien copieux. Nous nous aventurons sur le port de Kona et portons notre choix sur Fish Hopper, un restaurant de poissons. De bons œufs Bénédicte sur lits de Mahi Mahi et un bon verre de jus de fruit frais vont nous apporter les calories nécessaires à la journée. Pour ne rien gâcher, nous sommes juste en face du front de mer, tout près de là où s’élance le mythique triathlon Ironman d’Hawaii. Quelques nageurs font d’ailleurs des longueurs dans la baie, sous le regard d’une multitude de pécheurs en attente d’une proie.

Notre menu pour Big Island promet.

En plus de notre estomac, nous remplissons notre esprit en lisant les guides sur la grande île. Formée de 5 volcans bouclier contigus, le Kohala (éteint), le Mauna Kea (en sommeil), le Hualalai (en sommeil), le Mauna Loa (actif) et le Kilauea (actif), l’île d’Hawaii est la capitale historique de l’archipel. De nombreux climats se partagent l’île, si l’ouest est plutôt sec, l’est est carrément tropical avec de gros risques de pluies, on croise donc les doigts. C’est à partir de cette île que le roi Kamehameha 1er unifie politiquement l’archipel en 1810, puis le développe et l’ouvre au monde sous l’œil bienveillant des britanniques. Le royaume devient protectorat des USA à la fin du 19ème siècle avant de devenir officiellement le 50ème état de l’Union en 1959.

Un petit reste de couronne britannique sur le drapeau d’Hawaii.

Notre aventure nous mène sur la Saddle Road, une ancienne piste réputée dangereuse mais dont le pavement récent a écarté tout péril. Elle traverse l’île d’ouest en est en parcourant la fine vallée séparant le Mauna Loa et le Mauna Kea. Nous fixons d’ailleurs ce dernier dont nous avons décidé de visiter le sommet. Le plafond nuageux est assez bas et menaçant, néanmoins, quelques trouées nous font penser que tout au-dessus, le ciel est d’azur. Après tout, nous avons loué la jeep en partie pour pouvoir parcourir ses flancs, il serait dommage de faire l’impasse.

Un petit peu d’espoir bleu entre les nuages.

Nous bifurquons à gauche sur la route qui mène jusqu’au visitor center du volcan, puis, jusqu’à son sommet, la Summit Access Road. Du bord de l’océan (altitude 0) où nous nous trouvions ce matin, jusqu’à son point culminant à 4207 mètres, la montagne nous force à encaisser une sacrée différence d’altitude. De nombreuses mises en garde sur le mal aigu des montagnes indiquent la marche à suivre pour essayer d’en éviter les effets fâcheux. Vivants toute l’année à 1600 mètres d’altitude, je pense que nous sommes un peu protégés, nous suivons tout de même les recommandations dont la première est de faire une pause d’une trentaine de minutes au centre d’information du volcan. Il est situé au cœur du centre Onizuka (du nom d’un astronaute hawaiien décédé lors de l’accident de la navette Challenger en 1986), véritable petit village à 2800 mètres où astronomes et techniciens travaillant dans les observatoires sommitaux résident pour ne pas perdre les bénéfices du séjour prolongé en altitude. Nous restons donc une demi-heure sur place, regardant un film sur le volcan tout en soignant notre hydratation à coup de boissons chaudes. Boire est très important à ces hauteurs, et le temps assez froid de l’atmosphère incite à se réchauffer l’estomac.

Le centre Onizuka, pause nécessaire !

Nous entamons l’ascension. Quelques centaines de mètres seulement après le centre, le goudron fait place à une belle piste. C’est pour ce segment qu’il est recommandé de prendre une quatre roues motrices. Ceci dit, je ne suis pas sûr qu’une bonne routière à la garde un peu haute ne fasse pas l’affaire. Afin de préserver le moteur et d’acclimater nos organismes à l’altitude, nous nous arrêtons plusieurs fois sur les parkings qui s’égrainent le long de la route. C’est aussi une bonne excuse pour emmagasiner un beau pèle mêle de panoramas sur nos cartes mémoires. Les cônes volcaniques se dressent sur un pierrier ocre. Aucune végétation n’est apparente. Ce sont des images que l’on s’imagine comme paysages de la planète rouge. En à peine quelques centaines de mètres d’ascension, on se retrouve sur Mars. Tout au plus la bande d’asphalte qui serpente nous ramène un peu à la réalité.

N’oubliez pas vos duvets, ça caille !

Après une quarantaine de minutes de montée nous arrivons au sommet, depuis quelques kilomètres déjà, la route est goudronnée de nouveau et en parfaite condition. Sur la droite, une colline marque le sommet du volcan, elle culmine à 4207 mètres. Sa cime, d’un rouge carmin, est marquée par une sorte d’autel. Quelques courageux, pas apeurés par le manque d’oxygène en ont même entamé l’ascension. Tout autour de nous, par-delà le plancher nuageux, on aperçoit l’océan qui s’étend jusqu’à l’horizon.

Tout en haut du Mauna Kea.

De l’eau partout = confirmation que nous sommes bien sur une île

Si les paysages naturels ont déjà des airs issus d’un film de science-fiction, la main de l’homme n’a fait que renforcer cette impression. Sur les cimes, se détachent une douzaine de télescopes aux formes plus futuristes les unes que les autres. Ceux-ci sont en partie contrôlés à distance et à basse altitude depuis un centre de commande. Loin de dénaturer le panorama, ces concentrés de technologies coupent vraiment le souffle (à moins que ce ne soit le manque d’oxygène). Il existe des visites commentées pour l’un des édifices mais nous n’avons pas choisi cette option. Néanmoins, l’un des observatoires, le Keck est ouvert et possède une petite exposition ainsi qu’une fenêtre sur le système optique (et des toilettes aussi). C’est un étalage assez impressionnant et intriguant de technologies. Vraiment à faire.

Les Keck en olives.

Quelques Kecksplications.

La tronche de Keck.

Les observatoires de la partie Ouest du cratère.

L’Infrared Telescop Facility de la Nasa.

La visite de l’observatoire du Mauna Kea n’est pas la seule attraction du sommet. Il existe une curiosité accessible après une courte randonnée d’une vingtaine de minutes. A 3970 mètresnd’altitude, niché au cœur du cône volcanique Pu’u Wai’au (je suis sûr que les noms hawaïens vous avaient manqué), le lac Wai ’au constitue le 7ème plus haut lac des Etats Unis. Emportant une bonne quantité d’eau, très important en altitude, nous nous engageons sur le sentier. Rapidement, les télescopes disparaissent derrière un cône volcanique et ce sont les paysages dénudés qui s’offrent à nous. Il fait un peu frais même si le soleil tape fort. Difficile de croire qu’en hiver, ces reliefs peuvent être recouverts de neige. Le ski est d’ailleurs une activité prisé lorsque le volcan se couvre de son blanc manteau.

En cette saison, pas de glace dans le cône.

A la découverte des martiennes.

Le sentier des nuages.

Nous voici donc arrivés en vue de l’irréel Lac Wai’au. Le contraste des eaux turquoise suspendues avec l’environnement rouge est vraiment saisissant. L’étendue d’eau semble sans fond, on comprend le caractère sacré des lieux dans la mythologie locale des eaux du lac dans lesquelles, parait-il, les déesses aimaient à se baigner. Encore aujourd’hui, les jeunes parents viennent chercher la bénédiction divine en allant immerger les cordons ombilicaux de leurs nouveaux nés. Sur les rives, on observe d’ailleurs un autel orné de différentes amulettes et talismans. Plus pragmatiquement, ce lac est un peu un mystère scientifique. La roche volcanique est poreuse et il n’y a aucune raison que l’eau soit maintenue en surface. Le mystère de la formation reste entier.

Nous entrons en zone sacrée.

Le sentier du Lake Wai’au

Y’a même un autel avec vue !

Le chemin du retour est sans histoire, une bonne manière de se dégourdir les jambes. Rassuré de ne pas avoir été touché par le mal des montagnes, on en profite même pour dénicher le peu de vie qui réussit à s’acclimater sur le toit de l’île. A l’abri de petits cailloux, bien cachées du vent, quelques brindilles défient les éléments en ce lieu hospitalier. Alors que le plafond nuageux s’abaisse un peu, le sommet du Mauna Loa, le volcan d’en face, apparait peu à peu. Nous redescendons juste après la balade après un dernier regard sur les télescopes.

Petit coucou au Mauna Loa.

Un dernier petit cône pour la route.

Redescente vers les nuages.

L’ascension et la visite du Mauna Kea sont pour nous un des indispensables d’Hawaii. Nous ne regrettons pas d’avoir pris notre jeep pour effectuer l’ascension, notamment pour une bonne tenue de route dans la descente. La piste est néanmoins assez roulante pour qu’une berline et un conducteur sûr de lui la gravisse. En suivant les recommandations données au visitor center, nous n’avons pas eu de problème avec l’altitude, un bon point. La visite nous aura pris une bonne partie de la journée mais nous ne regrettons pas tant les paysages sont magnifiques. Loin de gâcher, l’aspect futuriste des observatoires rend le site encore plus hors du commun. Une chose qui nous a surpris c’est que le Mauna Kea est vraiment différent du Haleakeala sur lequel nous avions randonné quelques jours plus tôt. Par manque de temps, nous n’avons pas pu assister au coucher de soleil du haut du volcan mais ce doit être un spectacle fascinant. Le ciel couvert au pied ne nous a non plus pas permis d’assister à une observation astronomique avec les rangers du centre Onizuka, malgré les très bons échos que j’avais eu. La prochaine fois !

Le reste de la journée tombe un peu à l’eau … enfin c’est plutôt l’eau qui se met à nous tomber dessus alors que nous sommes de retour sur la Saddle Road. Et sous forme de trombes. J’avais prévu d’aller explorer un lava tube, une grotte créée par un écoulement sous terrain de lave, les Kaumana Caves, vu ce qu’il tombe, on n’est pas vraiment chaud pour une session spéléo dans la flotte, les roches peuvent en plus être glissantes, on laisse tomber. On ne peut pas toujours tout planifier parfaitement !

A la place, nous profitons de notre AirBnB des 3 prochains jours qui vaut vraiment le coup. Il se situe à Pahoa, dans l’est de l’île. Niché dans un écrin de verdure tropical parfaitement entretenu, le chalet a fier allure. La décoration est raffinée dans une ambiance relaxante, zenifiante. La maison est totalement ouverte sur la nature, les fenêtres n’en sont pas, ce sont juste des toiles de moustiquaires tendues. Si la salle de bain propose tout le confort moderne, il existe en plus une douche extérieure que nous ne manquerons pas d’utiliser. Un bémol (mais nous étions prévenu), vu que le logement est situé en pleine jungle, nous avons droit à un concert de grenouilles tout au long de la nuit. Heureusement, les propriétaires mettent des boules quies à disposition qui seront très efficaces. Nous passerons une bonne nuit, et heureusement car la journée du lendemain s’avèrera être une des plus intenses du voyage !

Enchanting Rainforest Hideaway – 414 euros pour 3 nuits

Bouquet de bienvenue.

Salon zen, avant qu’on débarque avec notre bazar

Douche extérieure derrière la palissade.

 

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