Sous le soleil de (New) Mexico … Bandelier NM et Jemez Mountains

23 mai 2015

Hier j’ai passé une bonne partie de ma journée d’anniversaire sur la route. En effet, à l’occasion du Memorial Day (jour d’hommage des Etats Unis aux militaires morts aux combat), Hélène a son lundi de libéré ce qui nous permet de nous évader pour un week-end de trois jours. Direction plein sud pour 6 heures et demi de route à bord d’un beau SUV de location vers l’état limitrophe du Colorado : le Nouveau Mexique et plus précisément sa capitale Santa Fe. En effet, Cheryl, notre prof d’Anglais, a appelé l’un de ses amis qui possède dans cette ville une vielle maison typique qui va nous être prêtée.

carte_usa_newmexico_01Nous arrivons donc de nuit dans les collines autour de Santa Fe et sommes accueillis par Chris qui nous ouvre la vieille maison familiale. Bien sûr il y a un peu de ménage à faire et le maison est pleine d’un bric à brac inimaginable mais nous sommes très reconnaissants de la gentillesse qu’il faut pour prêter sa maison à des inconnus. Fatigués par la route, nous nous endormons plus ou moins rapidement (et oui une vieille maison, ça craque de partout, même aux USA !). Le petit déjeuner sera très frugal pour nous mais pas pour les autres habitantes de la maison : des souris se sont fait un plaisir de déguster le pain que nous avions imprudemment laissé sur une table.

DSC03274

Cet adobe mériterait bien une petite mise à jour !

Cela n’altère pas notre sourire et nous partons à la découverte de la région de Santa Fe. Le Nouveau Mexique est une région de steppe aride d’altitude. Il faut avouer que du soleil et de la chaleur, c’est ce que l’on est venu chercher ici. Nous sortons donc de notre demeure pour découvrir un paysage de collines et de montagnes aux couleurs sables. Nous nous rendons également compte comme notre demeure d’un week-end est charmante. Ocre, rectangulaire, de style adobe, c’est-à-dire enduite de boue séchée, elle est entourée d’un joli jardin et nous offre une jolie vue sur les alentours.

newmexico_01Pour notre première excursion, nous décidons de prendre la route vers Bandelier National Monument qui se trouve à environ 1h30 de route au nord ouest de Santa Fe à la limite du massif volcanique des Jemez Mountains. Nous nous garons au « visitor center » de White Rock où des navettes gratuites permettent de se rendre jusqu’au cœur du parc. Il s’agit de notre premier parc aux USA et nous en profitons pour acheter la carte « America is Beautiful » qui pour 80$ (pour le couple) nous permettra de rentrer dans la plupart des espaces préservés américains. A noter dans ce parc un dépliant très complet fourni à l’entrée par les rangers pour comprendre les éléments historiques et géologiques de la visite. Ne pas hésiter à leur demander la version française.

Jeff se soumet alors à une fameuse tradition américaine : la photo devant le panneau d’entrée des parcs.

Crise oblige : il n’y a même plus d’argent pour remplacer les M

Crise oblige : il n’y a même plus d’argent pour remplacer les M.

 Le nom de ce national monument (situé à 2150m d’altitude quand même) vient d’un historien et ethnologue suisso-américain, Adolphe Bandelier, qui a étudié le site à partir de 1880. Il se situe à quelques kilomètres de Los Alamos, le centre de recherche où a été conçu la bombe atomique Américaine. Cet espace protégé depuis 1916 est fameux pour ces ruines de villages du peuple Pueblos (anciennement appelé Anasazi ou « anciens ennemis » en langage Navajo) constitué principalement de cultivateurs au fond des canyons arrosés par le rivière et de chasseurs parcourant les mesas (ou plateau) à la recherche de victuailles. Au sein d’un canyon aux parois parsemés d’anfractuosités, se dresse en effet les vestiges d’un village ancestral, de maisons en partie troglodyte ou de cavernes habitées lors des 5 siècles d’occupation humaine du site à partir du 13ème siècle.

Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous.

Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous.

 Un chemin d’environ 2,5 miles permet de faire le tour des principaux sites du Frijoles Canyon. Tour à tour ombragé sous les conifères ou serpentant au soleil le long des falaises, il ne présente aucune difficulté. Notre chemin commence par les ruines du Pueblo de Tyuonyi. Des restes de murs laissent l’imagination recréer la structure de ce village de 400 pièces qui hébergeait plus de 100 indiens à la fois. Les murs de briques rectangulaires étaient recouverts d’un enduit de boue séchée pour maintenir de la fraicheur dans les maisons. L’entrée se faisait par une ouverture dans le toit rendu accessible par de primitives échelles de bois.

Welcome to Tyuonyi – prononcez approximativement CHON-yee

Welcome to Tyuonyi – prononcez approximativement CHON-yee.

 Au sein du village on voit trois trous circulaires assez profonds. Ce sont les Kivas, places communautaires qui servaient à la fois de lieu politique, religieux et éducatifs pour les jeunes hommes (pas besoin pour les jeunes filles d’aller à l’école pour apprendre seulement à faire le ménage). Peuple sans écriture, chez les Anasazi, l’enseignement se faisait donc exclusivement par voie orale sous forme de contes, prières ou chansons. Il faut imaginer des chambres sombres, embuées de fumées odorantes, recouvertes d’un toit en bois soutenu par 6 piliers dont on devine encore les traces. Au centre de la Kiva, un petit trou dans le sol (sipapu) permettait, selon la légende, aux ancêtres de réapparaitre dans le monde des vivants.

Kiva à la chasse perd sa place

Kiva à la chasse perd sa place.

 Le  chemin qui s’élève vers les falaises nous permet d’avoir une vue d’ensemble du village et de sa forme parfaitement circulaire. On comprend qu’en plus de lieu de vie, l’endroit était aussi un imposant ouvrage défensif. Une partie du village a d’ailleurs été laissée sous terre afin de préserver des vestiges pour les futures générations d’archéologues.

Avant.

Avant.

Après.

Après.

Aux abords de la falaise, nous arrivons à la deuxième partie de la visite, les habitations troglodytes. En effet, de nombreuses grottes sont creusées artificiellement ou naturellement par l’érosion dans les roches volcaniques constituant les parois. Les Anasazi s’en servaient de chambres ou d’espaces de stockage relativement frais en accolant leur maison (« Talus houses ») à la falaise. L’une de ces maisons a été reconstituées en exemple.

Tu t’es vu quand Talus ?

Tu t’es vu quand Talus ?

 On parcourt alors un étroit chemin avec quelques marches d’escalier qui nous permettent de rejoindre d’IMMENSES et VERTIGINEUSES échelles d’au moins 2 mètres de haut.

Les Echelles, 73360

Les Echelles, 73360

 N’écoutant que mon courage d’Indiana Jones du 21ème siècle, je gravis donc les obstacles à la recherche des trésors perdus de la civilisation Anasazi. L’une des cavités se révèle même être une kiva troglodyte dont les traces de suie sur le plafond sont les seuls traces d’occupation humaine. Finalement, on ne trouve dans les grottes qu’un peu de sable et de jolies vues sur la vallée. L’arche d’alliance ou le saint graal, ce sera pour une autre fois.

Floran, Aventurier de l’extrême

Floran, Aventurier de l’extrême.

 Le trajet se poursuit, un peu moins ludique, en longeant les traces d’une sorte de grand lotissement de maison le long de la falaise sur près de 250 mètres appelés « Long house ». On aperçoit sur les murs quelques vestiges de fresques à faire saliver Valérie Damido ou des pétroglyphes (gravures sur la pierre représentant humains, oiseaux et autres animaux). Les couleurs de la roche, les jeux d’ombre et la belle lumière de cette journée ensoleillée rendent ce paysage vraiment étonnant.

A vendre charmant T5, prix à débattre.

A vendre charmant T5, à rénover, prix à débattre.

Le chemin redescend vers la rivière Frijoles pour se diriger vers le fond du canyon. La marche est agréable et nous en profitons pour pique-niquer. De nombreux troncs d’arbre marquent les stigmates d’inondations éclaires qui se sont produites il y a maintenant 2 ans. La nature reprend peu à peu ses droits dans cet espace préservé qui n’est pas si inhabité que l’on peut imaginer.

L’esprit du Bullsnake hante encore la kiva (serpent-taureau)

L’esprit du Bullsnake hante encore la kiva (serpent-taureau)

Aberto, notre guide indien lors de la visite (Ecureuil d’Abert)

Aberto, notre guide indien lors de la visite (Ecureuil d’Abert)

Après quelques minutes de marche, nous arrivons devant une grande falaise blanche. C’est là que se trouve le clou du spectacle : « Alcove house ». Des panneaux préconisent aux personnes souffrants de problèmes de cœur et de vertige de ne pas aller plus loin et pour cause, accéder à cette spacieuse grotte nécessite de gravir 4 échelles de bois sur plus de 45 mètres.

 La montée infernale vers « Alcove House ».

La montée infernale vers « Alcove House ».

Alors autant vous l’avouer tout de suite, mon vertige m’a rattrapé aux trois quarts de la montée et j’ai préféré rebrousser chemin tant que j’en avais le courage avant d’arriver tout en haut. Hélène, grimpeuse émérite, a cependant pu découvrir une vaste grotte contenant en son centre une kiva (en travaux de reconsolidation donc non visitable) et surtout un super panorama sur la vallée. Une fois tout le monde redescendu sains et saufs, nous nous redirigeons tranquillement vers la navette qui nous permettra de regagner notre véhicule pour la suite de l’excursion.

Alcove house, sa kiva ensevelie, son panorama.

Alcove house, sa kiva ensevelie, son panorama.

 Nous reprenons la route en direction des Jemez Mountains. Nous laissons derrière nous des paysages de hauts plateaux lacérés d’étroits canyons pour effectuer une montée abrupte. Le paysage est malheureusement assez triste puisque de nombreux troncs d’arbres calcinés rythme l’ascension. Au détour d’un virage, changement radicale avec un immense alpage qui s’étend devant nous.

Valles Caldera et Redondo Peak, dôme résurgent culminant à 3400 mètres.

Valles Caldera et Redondo Peak, dôme résurgent culminant à 3400 mètres.

 Nous sommes ici dans le cratère du volcan Valles Caldera qui mesure plus de 22 kilomètres de diamètre. Cet espace protégé héberge parait-il une faune variée dans ces paysages de steppe. En vérité, nous ne nous arrêtons que quelques minutes avant de reprendre la route.

Invitation à la découverte de Valle grande.

Invitation à la découverte de Valle grande.

 Nous commençons une agréable descente dans une forêt verdoyante épargnée par les incendies sur la sinueuse route scénique 4. Celle-ci mesure au total près de 80 kilomètres (50 miles) entre Jemez Pueblo et Los Alamos, ses deux extrémités. Au bout de quelques kilomètres, nous nous garons afin d’emprunter un petit chemin le long d’une ruisseau de montagne.

San Antonio Creek.

San Antonio Creek.

 S’en suit une petite montée boueuse d’une vingtaine de minutes avant d’arrivée au but de notre balade : les Spence Hotsprings. Qui dit volcan dit géothermie et nous allons en effet avoir l’occasion de partager avec quelques autres privilégiés un bain à plus de 100 degrés  … fahrenheit ( environ 38°C). Les sources minérales d’eau chaude se composent de deux jolis barrages naturels d’un peu plus d’un mètre de profondeur et d’une petite grotte qui abrite la résurgence. On peut aisément s’y baigner à plus de 10 ce qui en fait un endroit populaire pour les habitants de Santa Fe. Apparemment, il n’est pas rare de croiser des baigneurs dans le plus simple appareil mais pas dans notre cas malheureusement (ou pas). L’eau est propre, sans odeur de souffre et la baignade offre une jolie vue sur les massifs environnants.

« Cette expatriation aux Etats-Unis est avant tout une formidable opportunité professionnelle. »

« Cette expatriation aux Etats-Unis est avant tout une formidable opportunité professionnelle. »

 Après avoir fait trempette nous reprenons la route en direction de Santa Fe en continuant à parcourir les Jemez Mountains aux paysages si changeants. Les roches volcaniques, le vent et l’eau ont vraiment contribué à sculpté des amas rocheux monumentaux et spectaculaires. Et nous n’avons encore rien vu …

Battleship Rock tire son nom de sa forme de proue de navire de guerre (OK, il faut beaucoup d’imagination).

Battleship Rock tire son nom de sa forme de proue de navire de guerre (OK, il faut beaucoup d’imagination).

 Nous dépassons la petite ville thermale de Jemez Spring entourée d’abruptes falaises rouges. Elles sont tout simplement magnifiques sous la lumière déclinante du soleil. Une petite heure de route nous attend avant de goûter à un burger bien mérité et à une bonne nuit de sommeil (alerte zeugma).

DSC03376

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *