Sur les traces des pionniers – A travers San Juan Moutains

Vendredi 07 août

Nous voici donc au Sud du Colorado, aux abords des Rocheuses. Notre trajet du jour va nous mener encore une fois au milieu des montagnes, dans une région qui a été profondément modifiée par la découverte il y a plus de 150 ans de différents métaux précieux. De Durango à Ouray en passant par Silverton, nous allons découvrir le massif de San Juan sous une météo malheureusement pas toujours clémente.

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Hier soir, de Durango, nous n’avions vu que des rues endormies avec ses hautes façades bien conservée. Pour être franc, ce que nous avions vraiment remarqué, c’était les assiettes de bœuf braisé à la bière ambrée que la brasserie Caver Brewing nous avait servies. Ces plats étant agrémentés, comme il se doit, de quelques bières du cru.

Durango, dont le nom vient du basque (eh oui !) ville d’eau est une charmante cité articulée autour d’une rue principale commerçante aux allures de far west. Les saloons ont néanmoins été remplacés par des boutiques de souvenir, d’antiquité ou de cuir. Malheureusement, et pour la première fois du voyage, je ne peux vous fournir aucune photo de la ville. La photographe officielle était plus occupée à faire du shopping qu’à capturer les beautés inénarrables. Tant pis pour vous !

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« Normal que je n’ai pas pris de photo, c’est moi qui conduisais ! »

Un peu à l’extérieur des montagnes de San Juan, mais située quand même à 1980 mètres d’altitude, Durango était une ville où était fondus et moulés les différents métaux que le chemin de fer amenait depuis les mines de Silverton. Si les touristes ont aujourd’hui remplacé les lingots dans les wagons, la vieille compagnie Denver and Rio Grande Western Railroad possède toujours d’antiques trains à vapeur qui parcourent les quelques 50 miles entre les deux villes (80km) en pratiquement 3 heures. A la gare, un musée gratuit retrace également l’épopée du rail dans la région au travers de nombreux objets d’époque, de véhicules variés, d’une très jolie maquette et de petits films explicatifs. Bien qu’un peu brouillonne, l’attraction est assez sympathique surtout pour les amateurs de vieux objets et de trains électriques. On peut également rentrer dans des wagons d’époque ou se mettre à la place d’un conducteur de locomotive.

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Le train TER CHTZ1605 à destination de Durango va entrer en gare voie A.

Comme je vous l’ai dit, une des principales activités à Durango est de prendre l’antique train à vapeur jusqu’à Silverton suivant le cours de la rivière Animas, longeant canyons et gorges profondes. Bon, autant vous l’avouez tout de suite, nous avons fait le trajet en voiture et c’est seulement arrivé à Silverton que nous avons pu admirer les fiers wagons jaunes et bruns tirés par une locomotive encore fumante. La route est néanmoins très agréable, traversant des paysages très alpestres où ci et là gisent encore des vestiges d’anciennes mines.

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Tous ces wagons, ça me donne envie de jouer aux Aventuriers du Rails !

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La route est longue pour arriver à Silverton. Heureusement, la loco motive …

C’est en 1860 que Charles Baker et son groupe de mineur trouvent de l’or dans le lit de la rivière Animas. De camp pour la belle saison, Silverton devient une ville permanente en 1882 où les mineurs des environs peuvent acheter tout le matériel nécessaire. La vie est rude pour les aventuriers à 2837 mètre et la ville va leur offrir rapidement un peu de réconfort : près de 30 saloons et de nombreuses maisons de plaisir s’ouvrent pour les 2000 habitants. Bien conservée, la ville n’a pas trop bougée depuis. Bon, on trouve quand même un peu moins de maisons de vices à ma grande déception. Cela aurait été culturellement et sociologiquement intéressant de se replonger dans les mœurs de l’époque (aïe Hélène me tape).

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Grand Imperial Hotel, Silverton

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Hey cowboy, conduis-moi avec diligence jusqu’au saloon.

Pour la pause de midi, nous nous arrêtons à la Avalanche Brewing company où nous dégustons quelques boissons avec des sandwichs, tacos ou bourritos (oui, on passe la moitié de son temps à boire de la bière au Colorado mais vu qu’on passe l’autre moitié à randonnée, ça compense …). Toujours est-il que la petite boutique qui ne paie pas de mine est à mon avis une bonne alternative aux restaurants un peu trop touristiques qui se remplissent au gré des arrivées des trains.

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C’était mieux avant : on est passé des colts aux pistolets à coca …

Malheureusement pour nous, les hautes montagnes entourant le village sont un parfait barrage pour les nuages et le ciel devient rapidement gris foncé et menaçant. Nous avons tout de même le temps de parcourir les rues en terre battus de la ville (seul la rue principale est goudronnée) avec l’impression de se balader dans les pages d’un album de Lucky Luke.

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Attention aux duels de desperados quand vous traversez.

A l’opposé de la gare, on traverse quelques rues aux maisons un peu plus cossues entourant 3 ou 4 églises différents. Il s’agit de l’ancien quartier des femmes de commerçant où ces dames essayaient de faire régner un peu plus de moral.

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La légende de Calamity Hélène

Alors que la pluie commence, nous sortons de la ville en direction du nord. Au bout de quelques kilomètres, nous empruntons un nouveau chemin en gravier pour grimper jusqu’à la One Hundred Gold Mine, une mine désaffectée. Dans le bâtiment principal posé à flanc de montagne, un ancien mineur nous tend un casque de chantier, une sorte de cirée jaune et nous embarquons dans un petit train aux wagonnets dorés pour explorer les entrailles de la montagne.

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Debout ! Les damnés de la terre !

Le tunnel est étroit, humide, sans aucune lumière. Nous traversons sur notre machine infernale des filets d’eau qui s’infiltrent dans les cols de nos vestes, ruissellent sur nos nuques. Le voyage est court mais c’est une bonne mise en condition. Nous débarquons alors au fond de la mine. Découverte en 1872, son exploitation a duré jusqu’en 1973.

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Ce trajet était le train-train quotidien des mineurs.

Dans un premier temps, le mineur nous offre quelques considérations géologiques et nous apprend à identifier les filons des différents métaux précieux : or, argent, cuivre, fer ou laiton. Il nous présente ensuite les outils du mineur de la pioche jusqu’aux explosifs en passant par un énorme marteau piqueur. La démonstration – in vivo – de ce dernier nous permet aussi de mesurer la puissance du vacarme que devait supporter les travailleurs. L’écho du grondement mécanique semble se répercuter à l’infini dans les profonds couloirs.

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J’ai 8 secondes pour vous dire …

Enfin dans une dernière partie, le mineur nous évoque le quotidien des gueules noirs où chaque verre de vin était un diamant rose, posé sur fond de silicose. Il parlait de 36 et des coups de grisou, des accidents du fond du trou. Entrecoupant les explications d’anecdotes personnelles, présentant son propre matériel comme sa popote ou sa lampe frontale, le guide est vraiment intéressant. Ayant repéré que nous sommes français, il est même venu plusieurs fois nous demander si l’on avait bien tout compris aux termes un peu technique. Super sympa !

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Hum, finalement, je vais me retenir …

C’est au bout d’une cinquantaine de minutes (même si le temps est dur à estimer sous la terre), que nous réembarquons vers la lumière. Etant un peu claustrophobe sur les bords, je dois avouer que j’étais un peu soulagé de laisser ces tonnes de rocher au-dessus de ma tête ! Dernière étape de la visite, nous avons le droit à une batée et un peu de sable pour essayer de récolter quelques poussières de métaux comme de véritables chercheurs d’or !

Nous reprenons la route sous la pluie vers la ville d’Ouray. La route US 550, surnommée Million Dollar Highway, serpente entre les montagnes recouvertes de mines abandonnées. La brume et le temps ne nous permettent pas d’en profiter pleinement pour cette fois-là.

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Quand la fièvre de l’or nous rend Mabouls !

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