(Sittin’ On) The Dock Of The Bay

29 novembre 2015

Drame à San Francisco !!!

Jeff a été arrêté à tort par le shérif Nick Barbez pour dureté excessive. Sa punition : la prison sans autre forme de procès, on ne badine pas avec la loi aux USA. Notre loup étant un récidiviste habitué des cachots, il a été emmené au quartier de haute sécurité sur la terrible île d’Alcatraz. Croyez moi, nous allons faire tout ce qui est en notre possible pour l’en sortir !

Notre stratégie est simple : nous faire passer pour de simples touristes pour libérer notre mascotte. Nous embarquons donc depuis l’embarcadère numéro 33 pour la première visite de la journée.

Une bien belle bite … d’amarrage !

Une bien belle bite … d’amarrage !

Pressés de délivrer notre ami, nous sommes arrivés de bonne heure au lieu d’embarquement et nous pouvons profiter des sièges sur le toit du bateau. Nous avons donc une place privilégiée pour observer la baie qui s’étend tout autour de nous, fermée par le rouge Golden Gate Bridge. Devant nous, véritable roc jaillissant des flots, l’île d’Alcatraz se rapproche, portant en son sommet le sinistre pénitencier.

The rock.

The rock.

Après une traversée longue d’une vingtaine de minutes, ce n’est pas un maton mais bien un ranger qui nous accueille au débarquement. Celui-ci explique rapidement à la foule rassemblée comment profiter de la visite audio du pénitencier, comment se rendre à celui-ci. Il conte également quelques repères historiques de la vie de l’île, d’abord fort militaire, sa position privilégiée au milieu des eaux glaciales de la baie de San Francisco en ont fait une prison fédérale de haute sécurité naturellement isolée jusqu’en 1963. Quelques années après sa fermeture, des militants amérindiens occupèrent pendant plusieurs mois les lieux pour réclamer des droits. A partir des années 70, l’île fut considérée comme un sanctuaire pour les oiseaux, confiée au bureau des parcs nationaux et fut consacrée à l’accueil des touristes.

Pas de photo avec Jeff à l’entrée : le pauvre est derrière les barreaux.

Pas de photo avec Jeff à l’entrée : le pauvre est derrière les barreaux.

Le temps est particulièrement clément sur la baie en cette matinée de Novembre, sachez d’ailleurs que SF est habituellement connu pour ses brumes, sur ce point nous sommes donc chanceux. Plutôt que d’aller visiter directement la prison, nous décidons d’emprunter le Agave Trail, un chemin de traverse entre l’océan et un mur de cactus.

Une si belle ballade, peu de risques que cela m’agave !

Une si belle ballade, peu de risques que cela m’agave !

En face de nous, plein sud, nous avons un point de vue exceptionnel sur la ville de San Francisco. On peut imaginer la torture que cela représentait pour les prisonniers : voir, entendre, sentir la liberté à quelques kilomètres. C’était sans compter sur une eau si froide et des courants si puissants que ces hommes affaiblis auraient eu vite fait de se retrouver au large, noyés, corps décharnés expiant leurs crimes pour l’éternité …

La Skyline de San Francisco.

La Skyline de San Francisco.

Quelques escaliers nous amènent jusqu’à la place d’armes. Nous sommes surplombés par le phare de l’île. Encore en activité, il guide les navires sur la baie depuis 1854.

Le Farre d’Alcatraz

Le Farre d’Alcatraz

La visite/tentative d’exfiltration débute. Alors que nous entrons dans l’enceinte de la prison, des casques audio nous sont distribués gratuitement. La visite se fait pour nous en français tandis qu’en fond sonore on entend les voix d’anciens employés ou prisonniers d’Alcatraz. Le texte et les explications sont très vivantes et le tour est super agréable. Les informations sur la vie de la prison au jour le jour et les événements plus ou moins heureux ayant émaillés son histoire sont intéressants. On se laisse vraiment facilement immergés dans ce récit audio.

Comme pour les prisonniers jadis, la première salle visitée est la blanchisserie où un paquetage leur était remis. Dans la même pièce, de lugubres douches collectives permettaient aux prisonniers de se laver sous le regard attentif des gardiens. L’eau était chaude, presque brûlante ; la direction croyait en effet que cela rendrait plus difficile pour d’éventuels évadés la plongée dans les eaux glacées de la baie ! Quel machiavélisme.

Destin cruel pour Al Capone : passer du blanchiment à la blanchisserie.

Scandale des Panama Papers : passer du blanchiment à la blanchisserie.

Gare à la savonnette …

Gare à la savonnette …

On arrive enfin dans les travées de la prison. Un univers métallique, sans âme, s’étend devant nous. Les couleurs ternes, la lumière froide des néons, un frisson traverse nos échines pendant que les voix cassées des anciens détenus murmurent à nos oreilles le récit de leur séjour. Un lavabo, un lit, une table, aucun confort pour les prisonniers de l’établissement qui étaient les plus terribles du pays : serial killers, braqueurs de banque sanglants ou mafiosi. L’habitant le plus célèbre des lieux a surement été Al Capone, le parrain de Chicago séjournant ici de 1932 à 1939.

Dans les coursives à la recherche de Jeff.

Dans les coursives à la recherche de Jeff.

Merci pour l'hébergement Maïca et Mathieu.

Merci pour l’hébergement Maïca et Mathieu.

Un discret glapissement et nous nous retournons. Jeff est là, debout, faisant face à l’adversité. Dans ses yeux décidés, on peut lire la résolution à échapper au destin qui lui est promis. Sauvage, fier, il se dresse sur ses pattes arrière, défiant de son regard lupin les gardiens, les juges, la société.

Non, Jeff t’es pas tout seul !

Non, Jeff t’es pas tout seul !

Nous poursuivons la visite, étudiant les lieux pour trouver la solution idéale pour Jeff. La visite continue, les témoignages de première main dans nos casques la rendant vivante au plus haut point. Nous visitons la bibliothèque de l’hôpital, les parloirs, puis les lieux de vie des gardiens. Il faut savoir que tout le personnel pénitentiaire était logé sur l’île avec femmes et enfants. Une école, un docteur, une épicerie, les alentours de la prison formaient un vrai petit village égayé par les fleurs et les plantes dévolues aux soins des prisonniers jardiniers. A l’extrémité nord de l’île, une usine permettait aux détenus les plus coopérants d’avoir un travail et de gagner un peu d’argent. Nous regagnons la salle de repas, laissée en place depuis le dernier jour d’activité de la prison après avoir traversé la cour où les détenus pouvaient s’adonner au baseball.

Le dernier petit déjeuner d’Alcatraz

Le dernier petit déjeuner d’Alcatraz

La cour et le bâtiment principal.

La cour et le bâtiment principal.

Alors que nous commençons à nous résigner à l’idée que Jeff passera sa vie ici, la clé de sa liberté nous viendra de l’audio tour. En effet, nous voila de retour du coté des cellules et dans nos oreilles nous est racontée l’histoire de l’évasion d’Alcatraz. En 1962, trois condamnés creusent le mur de leur cellule à l’aide de petites scies, de cuillères, d’outils de fortune. Puis, la nuit du 11 juin, ils placent sous leur draps des têtes de mannequins formées de papier toilettes mâchées  décorés de cheveux récupérés auprès des coiffeurs. Ils s’échappent ensuite par le conduit d’aération dans lequel leur excavation les a fait déboucher. Passant par le toit, ils atteignent enfin la mer et déployant une cinquantaine d’imperméables, ils forment un radeau de fortune.

L’évadé d’Alcatraz

L’évadé d’Alcatraz

Aucune trace de ces hommes vivants ou morts ne sera retrouvée. Néanmoins cette histoire est considérée comme la seule tentative d’évasion d’Alcatraz qui a pu réussir !

L’idée est séduisante mais les préparatifs bien longs. Finalement, Jeff qui n’est qu’une peluche se plie un peu et passe facilement au travers des barreaux ! Il redescend avec nous au pas de course jusqu’au bateau pour retourner vers San Francisco. Le tout néanmoins après avoir profité des magnifiques points de vue sur le Golden Gate Bridge depuis les jardins de la prison.

Au final, notre excursion à Alcatraz nous aura couté environ trente dollars par personne pour 3h30 de visite et croisière. Sous un beau ciel bleu, les bâtiments sont un peu délabrés, Le côté lugubre doit être forcément accentué lors d’une visite dans la brume ou de nuit, conférant aux lieux une ambiance très  particulière. Cette excursion offre également de très jolis points de vue sur toute la baie. Enfin, mention spéciale à l’audio tour (compris dans le prix) en français qui nous fait vivre de manière interactive nos déambulations dans la prison. Pour résumer, nous recommandons chaudement la visite !

Une mission rondement menée !

Une mission rondement menée !

Nous débarquons et nous dirigeons vers le Pier 39 (ou jetée 39 en bon français). Il s’agit d’une sorte de centre commercial un peu kitch à ciel ouvert. Beaucoup de boutiques attrape-touristes, beaucoup de monde. Néanmoins, pour nous le spectacle ne se trouve pas au cœur de la jetée mais bien sur la marina. Une colonie d’otarie squatte presque continuellement les pontons à tel point que la ville a installée un petit amphithéâtre. Comme au spectacle, on regarde donc ces animaux s’égayer dans l’eau, se chamailler pour un peu de place ou tout simplement dorer au soleil (assis sur) un dock de la baie …

Ce n’est pas tout mais toutes les aventures, ça creuse ! Après avoir flâné rapidement au milieu de la foule du Pier 39, nous nous arrêtons devant la boulangerie Boudin, du nom d’Isidore Boudin, français ayant émigré à San Francisco en 1849 lors de la ruée vers l’or. Nous goûtons donc une des spécialités de la ville, un clam chowder. Ce plat, originaire du Nord Est américain, consiste en une soupe de grosses palourdes américaine avec de la crème fraiche et des pommes de terres servie dans un pain au levain creusé. Délicieux !

La chaudrée de palourdes de chez Boudin (à sa moumoune)

La chaudrée de palourdes de chez Boudin (à sa moumoune)

Nous finissons notre journée centrée sur la baie par l’endroit le plus emblématique de la ville. Sa couleur orange internationale, l’image de ses deux tours ont fait le tour du monde depuis son ouverture le 27 mai 1937. Nous nous engageons donc, en voiture dans un premier temps, sur le Golden Gate Bridge. Ça tombe bien, le pont est gratuit lorsque l’on sort de la ville. Un arrêt juste après la traversée permet de laisser la voiture pour se réengager, à pied cette fois, sur le pont.

San Francisco et le Golden Gate Bridge

San Francisco et le Golden Gate Bridge

Nous n’effectuerons pas la traversée des 2700 mètres à pied. Une partie de l’équipe traverse jusqu’à la moitié. Pour ma part, toujours aussi peu fan du vide, les 67 mètres de hauteur me refroidiront peu après le premier pilier. Bon, cela m’aura suffit pour profiter de la vue sur le centre ville.

Apparemment, ils ont le câble à SF …

Apparemment, ils ont le câble à SF …

Ça commence en 5e à St Ismier ; ça finit docteur à San Francisco…

Ça commence en 5e à St Ismier ; ça finit docteurs à San Francisco…

On remonte dans la voiture pour rouler en direction de la colline qui constitue l’entrée de la baie. Une fois garée, nous finissons l’ascension de Hawk Hill jusqu’au site d’une ancienne batterie d’artillerie. D’ici, nous avons une vue englobant toute la ville, le lieu parfait pour lui dire au revoir. Un dernier spectacle également avec le soleil qui se couche sur le Pacifique, enflammant de ses derniers rayons rougeoyants le Golden Gate Bridge.

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Que retenir de ce week-end ?

Bon déjà, Thanksgiving c’est cool : un week-end de 4 jours est inespéré. Normalement une fête familiale, cela nous permettra sûrement chaque année de découvrir une ville ou un coin des USA.

Cela nous as fait du bien de voir un peu l’océan avec comme souvent aux Etats Unis, beaucoup de faune et de flore à découvrir. Pour mon plus grand plaisir !

San Francisco est une ville assez fascinante, avec une atmosphère presque européenne comparée aux villes de cowboys que nous avions eu l’habitude de visiter. Tellement de chose à voir et je pense qu’un autre séjour de 3-4 jours serait parfait pour finir de visiter la ville. A moins de 3 heures d’avion, ce serait bien dommage de s’en priver.

La visite d’Alcatraz, l’aquarium de Monterey et les éléphants de mer à San Siméon ont été mes moments préférés du séjour, je recommande grandement !

Enfin, merci à Maïca et Mathieu pour leur accueil : à charge de revanche !

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