Un automne à Boulder – 3ème partie – Espionnage industriel à Rino …

16 Octobre 2016

Depuis bientôt un an, j’ai une nouvelle occupation régulière : assouvir ma zythophilie.

Pour mes 30 ans, en mai dernier, les copains de Boulder m’ont offert un kit de brasseur afin de mettre ma créativité au service de leurs papilles. Armés de mes seaux, de ma casserole géante et de mes instruments à mesurer la température ou la gravité, j’essaie de me montrer digne de Gambrinus, héraut du houblon.

De temps en temps, j’ai besoin d’un peu d’inspiration et faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je m’en vais découvrir les productions de mes concurrents.

En cet encore chaud dimanche d’octobre, nous voici donc descendu en nombre à Denver. Le quartier de River North, dit RiNo pour les intimes, est The place to be depuis quelques années. Ancien quartier industriel un peu  craignos, la gentrification a fait son effet et au milieu des lofts en brique rouges, les hipsters barbus ont commencé à proliférer. De nombreux artistes de street art se sont également installés et, dans ces quelques blocs, les ateliers font concurrence aux micro-brasseries. Allez c’est parti !

On commence par une brasserie rock’n’roll, Black Shirt Brewing. Les bières sont plutôt bonnes, avec beaucoup de caractères. Les goûts houblonnés, fumés sont bien marqués et la dégustation de toutes ces bières typées est très agréable. Cette brasserie est connue comme l’une des meilleures salles de dégustations (taproom) de Denver. Les concerts de blues et de rock sont réguliers ici mais en cette après-midi, nous n’aurons droit qu’aux sons électriques des enceintes. La déco est au diapason et les lieux ont une vraie personnalité. C’est directement le coup de cœur du jour !

On continue dans une brasserie aux tons pastels nichée au fond d’une petite cour dans une sorte de conteneur, Beryl’s beer.

On est vraiment dans un lieu convivial. Les peintures des murs intérieurs sont super sympas, un babyfoot et un quizz permettent de se divertir. Evidemment, malgré les 2 australiens, les 2 allemands, les 2 français, l’italien et l’espagnole qui composent notre groupe, nous ne possédons pas les connaissances en culture américaine pour y briller.

On se console donc avec la boisson. Ici, les spécialités sont les bières vieillis dans d’anciens futs de brandy. Les goûts sont beaucoup plus complexes que ce que l’on a l’habitude de boire, on retrouve un peu les sensations de dégustation d’un vin rouge. On est dans des bières très boisées, presque tanniques. C’est surprenant mais pas désagréable et cela mériterait peut être d’y passer plus de temps.

La suite se déroule dans une salle de dégustation aux motifs acidulés. Ratio Beerworks est une brasserie avec un extérieur super agréable bordé par une large salle aux allures de garage. Ici plus qu’ailleurs, les murales sont magnifiques.

La philosophie des lieux, c’est de faire des bières classiques mais très travaillés. C’est d’ailleurs ce que l’on ressent  à la dégustation. Les bières un peu originales n’ont pas trop d’intérêt mais dans les classiques américaines : American Pale Ale, IPA, bière de saison que l’on retrouve une qualité peu commune. Ce sont au final plus des bières à sélectionner et déguster aux verres plutôt qu’en échantillon comme nous avons fait.

Dernière brasserie inédite pour nous : Our Mutual friend. Encore un parti pris ici puisque les brasseurs ont décidés d’utiliser comme ingrédients des produits du Colorado uniquement. Les locaux sont un peu petits et je dois dire qu’après avoir gouté des bières toute la journée, les goûts se mélangent un peu. Plutôt que de donner de mauvaise critique non méritée, je pense qu’il va falloir y retourner pour se faire une opinion plus pertinente …

Nous rentrons vers Boulder – en bus – alors que la nuit est largement tombée. La journée a été bonne et l’on a vraiment découvert des lieux aux partis pris et aux personnalités vraiment marqués. De plus, l’atmosphère jeune, dynamique et un peu bohème de RiNo incite vraiment à visiter le quartier, à s’imprégner des lieux. On hésitera d’ailleurs à déménager dans ce voisinage avant de se rendre compte des prix un peu trop élevés pour notre bourse.

Fort de ces expériences, de ces dégustations, j’espère m’améliorer dans mes productions. Vous serez donc tous cordialement invité à goûter la prochaine cuvée de ma French Flair Brewery ! Et comme 100 fois sur le métier, il faut remettre son ouvrage, nous allons être obligés de réitérer ce genre de séminaire pour continuer à découvrir la scène brassicole locale.

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