Honu, Pele et Poke Bowl : The Road From Hana

Dimanche 10 Septembre 2017

Il fallait bien payer l’addition de toutes les merveilles que nous avons vues hier. Bad karma in Hana. La jungle luxuriante, les cascades, toute cette eau doit bien arriver de quelque part. De par sa position sur la côte nord-est, au pied du volcan, Hana est un formidable attracteur à nuage qui viennent s’accumuler tout au long de la journée. Les chiffres de la pluviométrie viennent d’ailleurs attester du phénomène. Et à en croire les plic plocs que nous entendons depuis le milieu de la nuit sur la tôle qui constitue le toit de notre logement, ces données ne sont pas FAKE NEWS !

Et là, c’est le drame. Alors que je saisie et ouvre mes indispensables lunettes pour retrouver l’usage de ma vue, je reste complètement débile, une branche dans chaque main. Sous l’effet de l’humidité probablement, la colle qui retient les branches a lâché. C’est la catastrophe, je ne peux pas conduire et ne voit pas grand chose sans cet accessoire. Heureusement, Hélène, bricoleuse de l’extrême, parviendra à me rafistoler le tout avec le sparadrap de la trousse de secours. Je vais me promener avec un bout de scotch au-dessus de l’oreille mais au moins, vais-je pouvoir continuer à profiter des beautés d’Hawaii.

Remis de nos émotions, on prend un peu notre temps ce matin. Bon petit dej’, Skype vers les parents et lecture attentive du road book constituent notre début de journée. Le jardin disparait sous des trombes d’eau, une brume épaisse est tombée sur Hana. Il faut bien partir au bout d’un moment. Aujourd’hui, une belle route nous attend, le symétrique de la veille. Nous retournons vers le centre de Maui et le village de Kula en suivant la côte sud de l’île, toujours en longeant le volcan.

Notre première étape est pour la baie d’Hana, une large plage normalement idéale pour la baignade. Néanmoins, le rideau d’eau qui s’abat (de ch’val) ne donne pas envie de trop s’y aventurer. Nous choisissons de passer directement à l’étape suivante malgré la grisaille ambiante. Et justement, une petite accalmie (de pain) nous donne quelques espoirs. Nous garons la voiture au bord de la route qui longe le centre communautaire d’Hana. Une promenade discrètement fléchée nous amène vers la côte (de boeuf). Le chemin est sablonneux, en pente et un peu casse gueule. Avec précaution, nous avançons sur la cime d’une petite falaise pendant un peu plus de dix minutes.

Je proteste contre le mauvais temps. #KwayRouge

Enfin, le sentier forme un coude à 90 degrés vers la gauche. Nous surplombons alors une petite anse qui abrite l’objet de notre visite : une plage de sable rouge au nom évocateur de Red Sand Beach (ou Kaihalulu pour les locaux). Les lieux sont complétement vides et vraiment étonnants. Des sortes de cyprès bordent cette crique, une barre de lave brise la houle et forme un petit lagon dont les eaux sont d’un bleu électrique intense. Nous descendons investir les lieux. Le sol est véritablement formé de sable, ce n’est pas une forme de terre ou d’argile.

Inadmissible, on m’avait vendu des plages de sable blanc !

La source de cette étonnante couleur n’est pas très lointaine, les falaises qui entourent le paysage et leur couleur rubis donnent vite la réponse à cette énigme. Les vagues viennent se briser de partout autour de nous et la baignade n’a pas l’air très aisé. De toute manière, le temps gris ne donne pas vraiment envie de faire bronzette. Nous passons une vingtaine de minute à profiter de l’endroit, absolument seuls ! Un must à visiter lorsque l’on est à Hana. Après la plage noire de la veille, notre nuancier commence à s’épaissir.

Forts courants bleu électrique (220V).

Le petit arbre mort qui va bien.

L’éclaircit s’estompe et le manteau pluvieux recommence à couvrir la ville. Il drache fort et la visibilité est faible. Nous faisons l’impasse sur quelques plages et autres mares amarrées par la marée sur la côte. A regret, nous ne jetons qu’un rapide regard à Homoa Beach, l’une des plus belles plages de l’île. Par contre, nous prenons un peu de temps pour admirer les belles Wailua Falls en bord de route. Quelques vendeurs de souvenirs à la sauvette tentent bien de faire des affaires, mais nous ne nous attardons pas.

Wailua Falls.

Peu de temps après, le temps est enfin un peu plus clément. Cela tombe bien car nous arrivons en vue du Kipahulu district du

18ème parc national.

L’entrée est comprise dans le pass annuel des parcs nationaux que nous possédons déjà pour les parcs « du continent ». Un petit visitor center nous en apprend un peu plus, tant sur les écosystèmes endémiques du volcan que sur la culture des îles. C’est très intéressant. Pourtant nous ne nous éternisons pas, nous commençons par nous rapprocher de la mer afin d’observer la côte et les 7 Sacred Pools (aussi appelées Ohe’o Gulch), un enchainement de cascades et de petits bassins creusés par un petit ruisseau dans la lave solidifiée. Les paysages appellent à la baignade dans l’eau douce mais depuis quelques mois l’accès est interdit par le parc. Nous nous contentons donc d’y plonger le regard …

Nous arrivons aux rivages ravagés.

Chutes, chutes, chutes chutes, alors on se tait.

Du noir, du blanc, c’est pas Ohe’o mais Oreo Gulsh !

Nous remontons le petit cours d’eau pour nous engager sur le Pipiwai Trail. Outre son nom marrant, cette randonnée est considérée comme l’un des plus jolis sentiers de l’île. L’aller retour de 6.5km pour 250D+ nous prendra environ 2h30. La boue qui pave le chemin est un peu glissante et en sus de la bruine, l’humidité intense fait que nous sommes rapidement poisseux. Quel changement par rapport à nos montagnes si sèches du Colorado. Nous longeons la gorge formée par la rivière qui a formé Ohe’o Gulsh. Un petit belvédère permet d’ailleurs de la découvrir en détail, la vallée se termine par une première spectaculaire cascade, qu’Hélène nommera avec créativité et brio la cascade cravate (Makahiku Falls).

Envie de faire Pipiwai trail.

La cascade cravate.

Puis, c’est la flore qui nous émerveillera pendant que nous continuons notre progression. Tout d’abord, nous nous reposerons quelques instants sous un banyan impressionnant. L’arbre, immense, déploie ses énormes racines aériennes dans toutes les directions. Puis, une série de petit pont et d’escaliers nous fait passer au plus près d’un cours d’eau lui aussi parsemé de cascades et de petits bassins aux eaux limpides. Dans leur écrin de verdure, on retrouve les paysages d’Eden que l’on a découvert hier. C’est très photogénique.

Banyan.

J’en fait des tonnes, mais la fontaine rend affable.

Enfin, on se retrouve littéralement transporté en Asie en traversant une forêt de bambous ! Un chemin de bois sur pilotis permet de progresser au-dessus des sols boueux. Les troncs fins et ronds nous entourent de manière très dense. La sensation est presque oppressante lorsque de notre avancée. On s’attend presque à voir surgir un panda à chaque instant.

On tient le bon bout.

Quelques dizaines de mètres nous séparent alors du but du Pipiwai Trail. Une rivière à traverser marque la fin officielle de la randonnée. Devant nous, une falaise se dresse d’où surgissent les Waimoku Falls. Cette chute de plus de 130 mètres de haut est la plus impressionnante que nous avons eu la chance de voir durant ses deux jours. Sa puissance est telle qu’une fine brume fraiche est projetée dans les airs, nous rafraichissant alors que nous sommes encore à distance. Le pied de la cascade est déconseillé, des pierres pouvant être projetées à tout moment sur les têtes imprudentes.

 

Maitre étalon ou mètre étalon ?

Nous redescendons émerveillés et enthousiasmés vers la voiture (avec 2 – 3 glissades plus ou moins contrôlées). La randonnée, sans trop de difficulté, permet de traverser des paysages tellement différents entre la côte et la cascade finale. On a ici un concentré de ce que ce côté de l’île a à offrir.  C’est vraiment une marche à ne pas rater selon moi. Les derniers mètres de la randonnée se font sous la pluie qui recommence. Nous profiterons d’un banc à l’abri le long du Visitor Center pour prendre notre pique-nique rapide.

Nous reprenons la voiture en direction de la côte sud de Maui. Cette partie de la route a assez mauvaise réputation de par sa qualité. Fréquemment, les guides déconseillent d’emprunter cet itinéraire, notamment avec une voiture de location. Après l’avoir parcouru, je ne comprends pas vraiment ce rejet, si la chaussée n’est pas parfaite, elle a le mérite d’exister et d’être sans danger à mes yeux. La route passe près de plusieurs sites d’intérêt historique : la tombe de l’aviateur Charles Lindberg, des ruines de temple hawaiien ou des cascades. Cela ne nous branche pas vraiment et l’on préfère s’arrêter sur la chaussée quand une vue de la côte ou un bel arbre attirent notre attention.

Là, ça nous branche !

Peu avant Kaupo, seul village au pied sud du volcan et départ d’un chemin de randonnée pour monter jusqu’au sommet (sur deux jours), nous remarquons une petit église au bord de l’océan. Un chemin fermé par un portail qu’il suffit de pousser, permet de se rendre jusqu’à l’édifice. Quelques fleurs de frangipaniers ornent les lieux. La Huialoha Church est bâtie sur un petit cap, à la merci des éléments.

Huialoha Chruch

Avec le ciel couvert, ces paysages de landes balayés par les vents et ses rochers noirs, la côte a ici quelques allures de Bretagne. Quelques petits palmiers viennent néanmoins donner une touche locale et tropicale. Juste en dessous de l’église, une petite ouverture permet d’accéder à une plage de galets que des vagues puissantes viennent frapper. Les rochers, arrondis par l’érosion, roulent les uns sur les autres en fonction du ressac, faisant entendre un cliquetis envoutant. Nous flânons un bon moment sur ce Finistère du Pacifique, seuls et envoutés par l’atmosphère des lieux.

Photo d’artiste number one.

Photo d’artiste number two.

Quand je vous dis que ça ressemble à la Bretagne.

Un peu plus loin, notre dernier arrêt de la journée se déroule au niveau de Huakini Bay. Nous empruntons avec la jeep un chemin de terre jusqu’à une petite plage de sable noir. On en profite pour aller se salir un peu les orteils. Nous distinguons quelques pêcheurs avec des énormes cannes qui tentent leur chance dans l’océan. Dernière nous, le volcan Haleakala se dresse, toujours la tête dans les nuages. En 3 jours sur l’île, nous n’en avons pas encore vu le sommet. Un peu plus loin le long de la route, sous une avancée de lave, un pont naturel s’est formé : Pokawai sea arch. On devine la forme d’un animal dessiné par l’ouverture. Faîtes parler votre imagination.

Inadmissible, on m’avait vendu des plages de sable blanc ! (running gag)

Notre fidèle destrier.

Alors, quel animal ?

La dernière partie de la route est un peu moins intéressante. Nous traversons une région désertique, la végétation est réduite à son minimum et la côte semble frappée de sécheresse. Quel contraste par rapport à la jungle riche et luxuriante que nous avons traversé la veille et même le matin même. Des lits de rivières desséchées viennent former des vallons à intervalles réguliers, ces canyons sont dramatique et anguleux, témoins de la puissance des précipitations qui dévalent les pentes du volcan. Des ponts flambants neufs permettent de passer sans risque ces reliefs.

Le petit canyon.

Sommes nous toujours sur la même île ?

Enfin, la route s’éloigne de la côte et commence à s’élever. Nous avons choisi de passer la nuit à Kula, à environ 1000 mètres d’altitude pour être au plus près du sommet du volcan. Je serai bien dans l’incapacité de décrire la route sur cette dernière demi-heure de trajet car une pluie dense s’abat sur nous. La visibilité est presque nulle et le conducteur ne fait pas trop le malin (et voilà qu’il parle de lui à la troisième personne). Nous arrivons sans encombre à notre AirBnB pour les trois prochaines nuits.  Il s’agit du premier étage d’une belle villa. Quelques photos et la référence seront disponibles dans les articles des jours suivants.

Sur les conseils de notre hôte, nous allons dîner au Kula Bistro.  Gros coup de cœur pour ce restaurant gastronomique un peu cher. Mon poisson péché du jour et ses petits légumes est délicieux tout comme les pâtes au fruit de mer d’Hélène. En dessert, un assortiment de pâtisseries maison est proposé. Je me défoule sur un mille feuilles. Probablement mon gâteau préféré et normalement introuvable aux USA, alors j’en profite !

Food porn.

Nous avons encore vécu une belle journée malgré un temps peu accommodant. En vérité, la pluie et l’humidité ne nous ont pas vraiment gênées (sauf peut-être pour la baignade qui  du coup ne nous tentait pas trop). Red Sand Beach et Pipiwai Trail ont été sans conteste les points d’orgue du trajet. Encore une fois, passer la nuit à Hana nous aura permis de prendre notre temps sur cette deuxième partie. L’ambiance, le climat, la végétation sur l’envers de l’île sont complétement à l’opposé de l’exubérante Road To Hana. Cette zone est également moins fréquentée et s’en est particulièrement agréable. Sur la fin, nous avons tout de même accéléré un peu sur la côte sud en ne nous arrêtant pas à tous les points d’intérêt. En effet, nous avions prévu de nous lever très tôt le lendemain et ne souhaitions donc pas nous coucher trop tard. Mais pourquoi cette contrainte ? Mystère et réponse au prochain épisode …

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